vendredi 2 novembre 2018

[J-Drama] « anone », une seconde chance mais à quel prix ?

anone - あのね - j-drama
Retour d’une critique sur le blog avec le drama japonais anone (あのね). Il s’agit d’une série originale assez récente puisqu’elle fut diffusée entre janvier et mars 2018 sur NTV. Elle compte 10 épisodes d’une durée d'environ 55 minutes. Signalons déjà que le scénariste de ce drama est quelqu’un de reconnu dans le milieu puisqu’il s'agit de Yuuji Sakamoto qui a déjà signée d’excellentes œuvres en terme d’écriture. Je lui connais notamment Saikou no rikon, Quartet ou encore Itsuka kono koi wo omoidashite kitto naiteshimau ; ce dernier titre, ItsuKoi pour faire plus court, est même l’un de mes dramas préférés. Ses séries se distinguent par un travail profond sur les personnages, souvent torturés par la vie, avec une ambiance et un rythme posé, voire lent.

On va retrouver ces caractéristiques dans anone. Cette série (voir la bande-annonce ici) raconte l’histoire de Harika Tsujisawa (jouée par Suzu Hirose) qui à 19 ans, seule sans famille, sans logement, ne trouve pas sa place dans la société, survivant tant bien que mal avec des petits boulots que personne ne veut faire. Un jour, elle va découvrir un étrange sac de billets de 10 000 yens qu’une femme plus âgée, Anone Hayashida (jouée par Yuuko Tanaka) essaye à tout prix de récupérer et de détruire. C’est le début d’une rencontre qui va amener ces deux personnes sur un chemin des plus périlleux mais au cours duquel elles vont chacune trouver un espoir qui semblait perdu.

anone - あのね - j-drama -Suzu Hirose

anone, plus qu’une série porté par un scénario, c'est surtout l'histoire de ses personnages. Harika et Anone d'une part, mais aussi Kaji Mochimoto (jouée par Sadao Abe) et Ruiko Aoba (interprétée par Satomi Kobayashi). Je vais éviter de vous dévoiler les ressorts de leur histoire personnage pour ne pas gâcher le plaisir des premiers épisodes, mais quoi qu’il en soit chacun d'entre eux est particulièrement attachant.

anone - あのね - j-drama - Suzu HiroseHarika occupe donc le centre de l'histoire, mais elle n’est pas seule, au contraire, même si l’affiche de la série ne met qu’elle en lumière. L’actrice, la jeune Suzu Hirose (seulement 20 ans, que j’ai vue auparavant dans les excellents films de Chihayafuru), offre dans tous les cas une prestation des plus convaincantes. La vie l’ayant particulièrement maltraitée, elle ne lui accorde plus réellement de crédit ; au cours de ce drama, on la voit progressivement renaître, même peut-être simplement naître, trouver une place, des gens sur qui compter. Harika est un personnage profondément touchant et parfois même bouleversant. Elle va partager en plus avec Anone une relation vraiment forte. Harika échange souvent via une application mobile avec un étrange garçon, Hikoboshi, qu’elle ne voit jamais mais à qui elle se dévoile beaucoup. Encore une fois, je ne veux pas spoiler, mais j’ai trouvé ces moments, ces échanges par messagerie sur smartphone si bien travaillés, parmi les plus beaux de ce drama. 

Anone Hayashida est le second personnage central de cette histoire. Elle va trouver en Harika une jeune fille qu’elle va vouloir protéger et aussi lui permettre de retrouver un rôle duquel elle s’était trouvé dépossédée de nombreuses années auparavant. D’une force incroyable, elle va à chaque fois trouver le courage de faire face aux difficultés, malgré la douleur qu’elle peut ressentir. Comme je le disais auparavant, sa relation avec Harika est vraiment touchante. Son prénom - Anone - fait en plus échos à une habitude d’Harika lorsqu’elle parle : elle introduit en effet souvent ses phrases par あのね "anone...", "tu sais...".

Aoba est peut-être dans le quator le personnage le plus en retrait. Toutefois l’épisode, lorsqu’elle sera amenée à quitter les "siens" est d’une très forte intensité. Et elle est aussi le miroir de Mochimoto. Ce dernier est un personnage très étrange. Dès le début du drama, on apprend qu'il est condamné... touché par un cancer, il sait qu’il va bientôt mourir. C’est inéluctable. Conclusion à venir bien triste pour un pauvre homme qui s’avère avoir toujours été la victime de sa propre gentillesse et ses maladresses dans la vie.

Le scénario va quant à lui se concentrer autour de la contre-façon d’argent, suivre une spirale infernale dont le sombre Riichi Nakaseko (joué par Eita) va être le chef d’orchestre. Étrange scénario en fait. On comprend très bien que cela ne fonctionnera jamais, malgré leur volonté et des raisons honnêtes. Puis contrefaire des billets est un crime très grave ; toutes ces personnes sont loin d’être des criminels nés...

Toutefois, cette histoire n’est peut-être bien qu'un prétexte. Par ailleurs, si vous voulez une série dramatique riche en rebondissements à couper le souffle, essayer autre chose. Car comme je le disais, les personnages d’anone sont véritablement le cœur de l’histoire, et ce sont à chaque fois des individus simples, de simples femmes et hommes avec leurs blessures. Ce qui est le plus intéressant, c’est les suivre, voir leur évolution, les interactions, écouter les dialogues. Et beaucoup observer. anone est en effet une oeuvre très visuelle. Non pour une débauche d’effet spéciaux, d’effet de lumière ou je ne sais de quoi. Au contraire, l’ambiance visuelle de cette série est assez terne, monochrome, avec des dominantes bleues notamment avec les vêtements d’Harika, les couleurs sombres de l'imprimerie ou de la maison d’Anone au style assez daté. L’ensemble est très bien travaillé. Visuellement, la série peut paraître terne, alors qu’au contraire sa réalisation est superbe et participe entièrement à l’ambiance. La musique est elle-même assez discrète, elle accompagne légèrement mais joliment les différentes étapes de l’histoire.
De la chaleur, on en trouvera mais lors des moments d’échange : des regards plus soutenus, même des moments de silence, ou, parmi mes passages préférés, ces repas entre eux et les rires échangés pour des choses toutes banales. Au final, la série parle beaucoup d’argent, comme si celui-ci pouvait être la réponse aux problèmes, mais la réalité est bien différente, l’essentiel est ailleurs.

anone - あのね - j-drama - Suzu Hirose
anone - あのね - j-drama - Suzu Hirose


Je ne veux pas trop spoiler la série, je vais donc m’arrêter là. Même si, probablement, ce n’est pas un drama qui plaira à tout le monde, je vous invite vivement à essayer anone. Plus qu’à regarder, anone est un drama qui se vit. Ce type de dramas pour lesquels les Japonais peuvent exceller. C’est une série dramatique portée par un magnifique travail d’écriture et de réalisation. Les acteurs offrent de très belles prestations, en particulier la jeune et talentueuse Suzu Hirose qui interprété un personnage bien difficile ; mais aussi Sadao Obe et son rôle si touchant. "Tu sais...", sans effervescence, sans feu d'artifice, j'ai été vraiment touché par cette histoire, ces histoires remplies d'humanité.

4 commentaires:

  1. Je suis une grande fan de Sadao Abe. Il a, mine de rien, une sacrée dramagraphie à son actif! Jamais je n'ai été déçue par ses rôles, il est topissime.
    En revanche, je n'ai jamais vu de série mettant Suzu Hirose à l'honneur et je n'ai pas vu non plus les séries que tu mentionnes, alors tout cela est bien instructif et intéressant. Ce genre de série va à l'encontre de ce que j'ai l'habitude de regarder et d'aimer, mais je suis assez curieuse tout de même de la découvrir en lisant ton article. Peut-être que je me laisserai tenter un jour, parce que j'aime bien les dramas "lents" de temps en temps.

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    1. Pour Abe Sadao, je l'ai vu assez rarement à l'écran, mais je garde aussi un très bon souvenir de son personnage également touchant dans "Kokoro ga Pokitto ne".
      Suzu Hirose est encore assez jeune, mais elle a le potentiel pour s'affirmer comme une des actrices de sa génération.
      Merci pour ton retour. ;)

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  2. J'ai plein de dramas de ce scénariste dans ma wishlist, il faudra vraiment que je me lance !

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