samedi 10 novembre 2018

Sélection musicale des mois d’août à octobre 2018


J’ai pris un peu de retard dans ma sélection mensuelle de clips sur YouTube. Alors, du coup, je vais rattraper tout cela en survolant rapidement mes principaux coups-de-cœur d’août, de septembre mais aussi d’octobre de cette année. C’est parti !

On va commencer cette sélection avec des sonorités moins courantes du côté du pays du soleil levant... avec pourtant un girls-band assez emblématiques de sa scène pop que voici :

E-girls - « My Way » (feat. FIRE BALL, MIGHTY CROWN & PKCZ®)

Très jolie surprise donc que ce featuring des E-girls avec des noms important de la scène japonaise reggae-dancehall pour deux titres dont celui-ci que j’ai posté juste au-dessus. Alors ça surprend à la première écoute, d’autant plus que les E-girls ne semblent ne tenir ici qu’un rôle secondaire, mais musicalement ça fonctionne très bien. En tout cas, ça a le mérite d’apporter un peu de la chaleur jamaïcaine à la pop japonaise. Pas d’inquiétude, depuis, les E-girls sont revenues vers un genre plus habituel (sympathique même si après ces titre et surtout l’excellentissime « Show Time », je regrette un peu ce retour au source).

Hoshino Gen - « IDEA »

Plus besoin de présenter Gen Hoshino qui est devenu en quelques années un nom incontournable de la scène pop masculine japonaise. Surtout depuis l’immense succès de « Koi » fin 2016. Il revint donc en août avec ce nouveau titre très efficace. Sans être révolutionnaire, j’aime beaucoup l’ambiance de cette chanson et aussi la réalisation originale du clip avec ces changements de plateaux et de décors en direct. De plus les choix d'instruments collent vraiment bien à son univers et se rapproche un peu de son époque Sakerock.

MIYAVI - « So On It » (feat Seann Bowe & Meron Ryan)

On va continuer avec une autre voix masculine, mais dans un registre différent, avec cette fois-ci le grand MIYAVI, avec « So On It » et Seann Bowe et Meron Ryan en featuring. Miyavi, c’est à mes yeux un petit ovni de la scène japonaise, bourré de talent un instrument en main ; ce guitariste samouraï nous offre toujours des sons assez forts et souvent surprenants, n’hésitant pas à s’imposer des défis. Puis c'est aussi un artiste qui est très ouvert à l'international. À chaque fois qu'il passe en France, comme en avril dernier, je n'y suis pas. Frustration...
À noter que vous pouvez aussi le retrouver depuis peu dans le film live de Bleach qui est disponible sur Netflix ; le rôle que joue Miyavi lui va justement très bien.

Sentochihiro Chicchi (BiSH) - « Yoruoji to Tsuki no Hime / 夜王子と月の姫 »

Quittons le mois d’août pour celui de septembre, un mois synonyme de cette nostalgie de voir l’été s’éloigner progressivement... Et le 5 septembre apparaissait justement sur la chaîne d’avex un long clip signé par Sentochihiro Chicchi du groupe d’idols BiSH : « Yoruoji to Tsuki no Hime / 夜王子と月の姫 »Avec ce titre, on est vraiment en plein dans cette ambiance nostalgie. Long, répétitif avec ses mélodies cycliques, la chanson et le clip sont pourtant hypnotiques. La musique joue à fond sur ces répétitions et le rythme lancinant pour nous absorber, comme prisonnier de cette spirale. Très belle surprise. 
À signaler que ce titre est l’une des deux faces d’un même single, l’autre étant signé par Aina the End du même groupe BiSH « Kienai De » et que j’ai également beaucoup aimé. Cette seconde chanson prend son temps pour s’imposer, mais une fois qu’elle passe un ton plus haut, cela devient vraiment très bon.

DAOKO - « Owaranai Sekai De / 終わらない世界で »

Passons désormais directement et sans transition à DAOKO avec son dernier MV pour la sortie de « Owaranai Sekai de » qui sert en même de chanson thème pour le nouveau jeu mobile de Nintendo Dragalia Lost. J’ai l’impression que les amateurs de DAOKO ont été un peu déçu par ce titre. Pour ma part, je l’ai vraiment apprécié. On reconnait toujours parfaitement le style de la chanteuse, avec sa voix bien reconnaissable ou ses inspirations. Le refrain est en plus vraiment très beau. Pour une oeuvre de commande, c’est vraiment très réussie.
Ah, oui, je sais l’image que j’ai utilisée pour ouvrir ce billet vient de son titre « Bang » sorti en 2017, mais pas grave, je trouvais que ça rendait pas mal~

NGT48 - « Sekai no Hito e / 世界の人へ »

On retourne désormais vers des idols, avec le titre principal du dernier single des NGT48, « Sekai no Hito e / 世界の人へ ». Si « Yokubomono », cette année, m’a permis de redécouvrir les NMB48, cette fois-ci ce sont les NGT48 qui me semblent plus jeunes mais qui débordent d’une belle joie de vivre dans ce clip. Il transpire en effet de générosités. Puis, cette idée d’aller tourner le clip en Russie en compagnie d’une fan locale, Arina (lire le billet de BonjourIdol), je trouve ça super. À noter qu’il existe aussi une version longue avec l’histoire complète.
Du côté des NMB48, je veux signaler aussi la sortie de « Bokudatte Naichauyo / 僕だって泣いちゃうよ » qui fait parti du tout dernier single du groupe avec leur leader Sayaka Yamamoto qui l’a quitté en ce début novembre.

suga/es - « Show no Tell »

Terminons septembre avec « Show no Tell » des suga/es dont je parle régulièrement sur ce blog. Au risque de me répéter, je vous encourage vraiment à suivre ce jeune groupe (qui était venu à Japan Expo en 2017) qui s’affirme de plus en plus avec son style sucré et acidulé. Elles ont aussi sortie ensuite en octobre une autre vidéo avec un titre plus dynamique qui donne un bon exemple de l’énergie qu’elles peuvent exprimer sur scène.

Du coup, passons à octobre... avec un peu d'anison(g) pour continuer à se mettre en jambe.

Manami Numakura - « Desires »

Je ne sais plus si j’ai déjà parlé de Manami Numakura ici, mais si ce n’est pas le cas voici son dernier MV « Desires » qui est vraiment excellent. Dans un style bien plus rock cette fois-ci, elle offre un titre vraiment inspiré et visuellement classe. Sans révolutionner le genre toujours dominé avec style par LiSA, ça fonctionne très bien et ce fut une belle surprise.

La période couvrant fin octobre, début novembre est assez riche en sortie de single, et donc de clips sur la toile, voici celui de Inoue Sonoko  « Fantastic / ファンタジック » qui porte bien son nom :

Inoue Sonoko  - Fantastic / ファンタジック »

Comme je suis quelqu’un qui aime bien se répéter... Ai-je déjà dit que j’aimais beaucoup la musique de la talentueuse Inoue Sonoko ? Il semblerait que oui, mais je vais donc quand même radoter. Avec ce nouveau titre, elle confirme son retour vers un style plus pop-rock bien marqué cette année, après une période plus axé musiques sentimentales (mais très réussies !). En fait, cette facette n’a jamais pleinement disparu, mais ses derniers titres, depuis notamment son dernier mini-album Mine, me font plus penser à sa période indé. Dans tous les cas, Inoue Sonoko : c'est bien et c'est beau !

Kenshi Yonezu - « TEENAGE RIOT »

On va enfin finir cette sélection trimestrielle avec un monstre de la musique japonaise qui se nomme Kenshi Yonezu (et seulement 27 ans) qui a déjà mis cette année une fois encore tout le monde avec son succès monstre « Lemon ». Il faudrait vraiment que je le présente plus longuement sur ce blog. Sans rien à prouver, il revient en cette fin d’année avec un nouveau double single Flamingo/TEENAGE RIOT chacun des titres avec des styles bien différents. Pour ce billet, j’ai choisi le second avec un ambiance groupe de rock qui ne sera peut-être sa meilleure chanson mais qui reste pour autant un excellent titre. 

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Voilà, pour ne pas noyer ce billet, j’ai essayé de faire une sélection pas trop longue, mais je pense quand même avoir bien fait le tour de mes principaux coups-de-cœur de ces trois derniers mois. À me relire, je crois que c’est la première fois que je mentionne autant d’artistes masculins, comme quoi.
N’hésitez pas à me dire si vous avez aimé des titres parmi ceux que je vous ai proposés ici ou si vous avez eu aussi d'autres coups-de-cœur que vous avez envie de partager.

P.S. : Je vous invite aussi à écouter le nouveau podcast Jpop Social Club qui revient désormais chaque mois sur l'actu, concerts, avec des focus et débats autour de la musique japonaise. Une chouette initiative qui mérite d'être connu par les amateurs de J-music.

vendredi 2 novembre 2018

[J-Drama] « anone », une seconde chance mais à quel prix ?

anone - あのね - j-drama
Retour d’une critique sur le blog avec le drama japonais anone (あのね). Il s’agit d’une série originale assez récente puisqu’elle fut diffusée entre janvier et mars 2018 sur NTV. Elle compte 10 épisodes d’une durée d'environ 55 minutes. Signalons déjà que le scénariste de ce drama est quelqu’un de reconnu dans le milieu puisqu’il s'agit de Yuuji Sakamoto qui a déjà signée d’excellentes œuvres en terme d’écriture. Je lui connais notamment Saikou no rikon, Quartet ou encore Itsuka kono koi wo omoidashite kitto naiteshimau ; ce dernier titre, ItsuKoi pour faire plus court, est même l’un de mes dramas préférés. Ses séries se distinguent par un travail profond sur les personnages, souvent torturés par la vie, avec une ambiance et un rythme posé, voire lent.

On va retrouver ces caractéristiques dans anone. Cette série (voir la bande-annonce ici) raconte l’histoire de Harika Tsujisawa (jouée par Suzu Hirose) qui à 19 ans, seule sans famille, sans logement, ne trouve pas sa place dans la société, survivant tant bien que mal avec des petits boulots que personne ne veut faire. Un jour, elle va découvrir un étrange sac de billets de 10 000 yens qu’une femme plus âgée, Anone Hayashida (jouée par Yuuko Tanaka) essaye à tout prix de récupérer et de détruire. C’est le début d’une rencontre qui va amener ces deux personnes sur un chemin des plus périlleux mais au cours duquel elles vont chacune trouver un espoir qui semblait perdu.

anone - あのね - j-drama -Suzu Hirose

anone, plus qu’une série porté par un scénario, c'est surtout l'histoire de ses personnages. Harika et Anone d'une part, mais aussi Kaji Mochimoto (jouée par Sadao Abe) et Ruiko Aoba (interprétée par Satomi Kobayashi). Je vais éviter de vous dévoiler les ressorts de leur histoire personnage pour ne pas gâcher le plaisir des premiers épisodes, mais quoi qu’il en soit chacun d'entre eux est particulièrement attachant.

anone - あのね - j-drama - Suzu HiroseHarika occupe donc le centre de l'histoire, mais elle n’est pas seule, au contraire, même si l’affiche de la série ne met qu’elle en lumière. L’actrice, la jeune Suzu Hirose (seulement 20 ans, que j’ai vue auparavant dans les excellents films de Chihayafuru), offre dans tous les cas une prestation des plus convaincantes. La vie l’ayant particulièrement maltraitée, elle ne lui accorde plus réellement de crédit ; au cours de ce drama, on la voit progressivement renaître, même peut-être simplement naître, trouver une place, des gens sur qui compter. Harika est un personnage profondément touchant et parfois même bouleversant. Elle va partager en plus avec Anone une relation vraiment forte. Harika échange souvent via une application mobile avec un étrange garçon, Hikoboshi, qu’elle ne voit jamais mais à qui elle se dévoile beaucoup. Encore une fois, je ne veux pas spoiler, mais j’ai trouvé ces moments, ces échanges par messagerie sur smartphone si bien travaillés, parmi les plus beaux de ce drama. 

Anone Hayashida est le second personnage central de cette histoire. Elle va trouver en Harika une jeune fille qu’elle va vouloir protéger et aussi lui permettre de retrouver un rôle duquel elle s’était trouvé dépossédée de nombreuses années auparavant. D’une force incroyable, elle va à chaque fois trouver le courage de faire face aux difficultés, malgré la douleur qu’elle peut ressentir. Comme je le disais auparavant, sa relation avec Harika est vraiment touchante. Son prénom - Anone - fait en plus échos à une habitude d’Harika lorsqu’elle parle : elle introduit en effet souvent ses phrases par あのね "anone...", "tu sais...".

Aoba est peut-être dans le quator le personnage le plus en retrait. Toutefois l’épisode, lorsqu’elle sera amenée à quitter les "siens" est d’une très forte intensité. Et elle est aussi le miroir de Mochimoto. Ce dernier est un personnage très étrange. Dès le début du drama, on apprend qu'il est condamné... touché par un cancer, il sait qu’il va bientôt mourir. C’est inéluctable. Conclusion à venir bien triste pour un pauvre homme qui s’avère avoir toujours été la victime de sa propre gentillesse et ses maladresses dans la vie.

Le scénario va quant à lui se concentrer autour de la contre-façon d’argent, suivre une spirale infernale dont le sombre Riichi Nakaseko (joué par Eita) va être le chef d’orchestre. Étrange scénario en fait. On comprend très bien que cela ne fonctionnera jamais, malgré leur volonté et des raisons honnêtes. Puis contrefaire des billets est un crime très grave ; toutes ces personnes sont loin d’être des criminels nés...

Toutefois, cette histoire n’est peut-être bien qu'un prétexte. Par ailleurs, si vous voulez une série dramatique riche en rebondissements à couper le souffle, essayer autre chose. Car comme je le disais, les personnages d’anone sont véritablement le cœur de l’histoire, et ce sont à chaque fois des individus simples, de simples femmes et hommes avec leurs blessures. Ce qui est le plus intéressant, c’est les suivre, voir leur évolution, les interactions, écouter les dialogues. Et beaucoup observer. anone est en effet une oeuvre très visuelle. Non pour une débauche d’effet spéciaux, d’effet de lumière ou je ne sais de quoi. Au contraire, l’ambiance visuelle de cette série est assez terne, monochrome, avec des dominantes bleues notamment avec les vêtements d’Harika, les couleurs sombres de l'imprimerie ou de la maison d’Anone au style assez daté. L’ensemble est très bien travaillé. Visuellement, la série peut paraître terne, alors qu’au contraire sa réalisation est superbe et participe entièrement à l’ambiance. La musique est elle-même assez discrète, elle accompagne légèrement mais joliment les différentes étapes de l’histoire.
De la chaleur, on en trouvera mais lors des moments d’échange : des regards plus soutenus, même des moments de silence, ou, parmi mes passages préférés, ces repas entre eux et les rires échangés pour des choses toutes banales. Au final, la série parle beaucoup d’argent, comme si celui-ci pouvait être la réponse aux problèmes, mais la réalité est bien différente, l’essentiel est ailleurs.

anone - あのね - j-drama - Suzu Hirose
anone - あのね - j-drama - Suzu Hirose


Je ne veux pas trop spoiler la série, je vais donc m’arrêter là. Même si, probablement, ce n’est pas un drama qui plaira à tout le monde, je vous invite vivement à essayer anone. Plus qu’à regarder, anone est un drama qui se vit. Ce type de dramas pour lesquels les Japonais peuvent exceller. C’est une série dramatique portée par un magnifique travail d’écriture et de réalisation. Les acteurs offrent de très belles prestations, en particulier la jeune et talentueuse Suzu Hirose qui interprété un personnage bien difficile ; mais aussi Sadao Obe et son rôle si touchant. "Tu sais...", sans effervescence, sans feu d'artifice, j'ai été vraiment touché par cette histoire, ces histoires remplies d'humanité.