Aujourd’hui, j’ai envie de parler d’un j-drama qui a eu un certain écho en début d’année : Ouroboros (de son titre complet Ouroboros ~ Kono ai Koso, Seigi, ウロボロス~この愛こそ、正義。). Les dix épisodes de cette série furent diffusés entre janvier et mars 2015 sur la chaîne TBS. Un bon casting, une histoire haletante, c’est une série qui devrait plaire aux amateurs de thrillers japonais.
Ryûzaki Ikuo et Danno Tatsuya, deux orphelins ayant grandi ensemble, ont choisi deux modes de vie complètement opposés. Alors qu’Ikuo est devenu un policier émérite, Tatsuya a usé de son intelligence pour se hisser à la tête d'un gang. Malgré leur train de vie différent, ils sont toujours en contact et à la recherche de la vérité sur le meurtre de Yûiko, leur tutrice à l'orphelinat, qui s'est déroulé 20 ans auparavant. (D'après Icotaku)
Concernant l’histoire, il n’y aurait pas spécialement beaucoup à y redire. Si le point de départ est assez classique (mais plus ambitieux dans son développement), son scénario sait très maintenir en haleine le spectateur. On ne nous dévoile que petit à petit les clés de l’intrigue. La rencontre (généralement significative d’une confrontation) avec chaque personne concernée par les événements d’il y a 20 ans, apporte à chaque fois des éléments. Chose importante aussi, Ikuo va progressivement retrouver la mémoire. Le choc émotionnel du meurtre de celle qui fut pour lui comme une mère l’avait conduit à oublier les éléments qu’il avait vécus et vus, notamment les coupables. Tatsuya n’était arrivé que dans un second temps sur la scène du crime, Yûiko, étant alors déjà décédée ; ce « retard » lui pèse énormément. Tatsuya tenait à elle encore plus qu’Ikuo.
La situation initiale de la série présente une histoire déjà relativement bien avancée en fait. Ikuo est devenu un policier reconnu, c’est l’as de son bureau. Tatsuya est un yakusa en pleine ascension dont les talents sont reconnus par ses pairs. On nous laisse donc imaginer ce qui s’est passé durant ces 20 dernières années, on ne nous en dit même que très peu, voire quasiment rien. C’est peut-être d’un côté dommage, mais cela permet au récit de ne pas s’attarder sur des faits « passés ». Le seul qui a un intérêt, c’est bien l’assassinat de Yûiko-sensei et, dans le présent, il recherche encore les coupables. Pour les tuer. Il s’agit ni plus ni moins d’une vengeance, qu’importe le chemin à parcourir. Ikuo et Tatsuya, pour cela, cherchent à monter dans la hiérarchie de leur monde, l’un à la lumière, en tant que policier, l’autre dans l’ombre, en tant que yakusa, tout en collaborant.
Dans les faits, malgré cette situation initiale, le monde des yakusa ne serait presque qu’accessoire, si ce n’est au début de la série, celui-ci va être rapidement mis de côté partiellement pour suivre ce qui se passe dans la police dont les têtes pensantes jouent un double-jeu terrible. Contrairement à ce que l’on pourrait penser au départ, les yakusa en fait ici ne représentent aucunement une menace directe – ils deviennent même parfois des victimes de ce conflit. La face sombre de cet univers, c’est bien chez les policiers qu’on la retrouve. Il y a un réel déséquilibre entre ces deux mondes alors qu’on nous présente au départ un découpage égal avec les deux protagonistes principaux représentant chacune de ces deux moitiés. Ce n’est pas réellement un défaut, mais c’est une réelle (et rapide) évolution dans l’histoire d’Ouroboros.
Je ne peux pas détailler plus l’histoire, je spoilerai trop rapidement les clés de l’histoire – ce qui serait fort regrettable pour ceux n’ayant pas encore vu la série –, mais je n’ai noté aucun réel soucis dans son déroulé. Si ce n’est un gros ; il ne m’est apparu cependant qu’après avoir fini la série. On ne peut que se poser la question « pourquoi ? », pourquoi ce flic (que je ne peux nommer) a attendu 20 ans pour essayer d’apporter une solution définitive à cette situation catastrophique ; il avait pourtant déjà la majeure partie des clés pour y mettre un terme ? Cette vengeance autodestructrice n’aurait pas eu lieu d’être !
Le duo principal est joué par deux acteurs assez célèbres : Ikuta Touma, dans le rôle du flic Ryûzaki Ikuo, et Oguri Shun, dans le rôle du mafieux Danno Tatsuya. Au-delà de l’histoire qui, si elle est relativement très bien menée, est somme toute assez classique (autour du thème de la vengeance), c’est bien ces deux personnages qui donnent un réel intérêt pour la série.
Tatsuya est le leadeur, c’est lui qui a le dessus et on sent d’ailleurs très vite qu’Ikuo est plus fragile ; on peut par ailleurs penser que l’évolution de Tatsuya dans le monde des yakusa a eu un réel impact sur son caractère déjà plus marqué dès l’enfance. Oguri Shun excelle particulièrement dans ce rôle (il est même classe en yakusa) ; il m’avait déjà bien surpris dans Nobunaga Concerto. Ikuta Touma est bon, mais un cran en dessous ; avec lui, j’ai eu le même sentiment qu’avec le drama Maou, même s’il est bien meilleur ici.
Ueno Juri (Sunao ni Narenakute) incarne le troisième rôle principal de la série : l’inspectrice Hibino Mizuki qui devint la partenaire d’Ikuo. Efficace et intègre, elle commence à avoir une réelle influence sur Ikuo dont l’attitude la questionne. Ce dernier deviendra pour elle assez rapidement plus qu’un simple partenaire. J’ai été plutôt séduit par le travail d’Ueno Juri qui sait donner un vrai relief à un personnage.
Mizuki a aussi un rôle important du fait de sa relation (compliquée) avec un autre policier, son père, Hibino Kunihiko dont on comprendra très rapidement qu’il a à voir avec ce meurtre, et peut-être plus.
Mizuki reste toutefois un personnage assez sous-exploité dans cette série et son importance reste en grande partie masquée par celle d’Ikuo et de Tatsuya, ce qui peut-être regrettable étant donné tout l’intérêt, elle aurait pu apporter plus à la série, surtout avec une telle actrice.
À noter aussi la très bonne performance de Takitô Kenichi dans le rôle de l’inspecteur Chouno Shinichi qui avait beaucoup de flair et de prestance. Je l’imaginais au début comme quelqu’un qui mettrait sans cesse des bâtons dans les roues de notre duo, mais il surprend très souvent. « Yûiko-sensei » est jouée par Hirosue Ryouko, une actrice que j’apprécie bien. Pour les deux enfants qui jouent les « jeunes » Ikuo et Tatsuya, chapeau ; les enfants japonais sont souvent de très bon acteurs quand même.
Concernant la réalisation, je n’ai pas grand-chose à y redire ; c’est propre, la caméra accompagne bien l’action. Les musiques collent bien avec les différentes séquences, mais l’ost est plutôt, il n’en pas pou autant mémorable.
En fait, si ce n’est l’attitude d’un policier bien précis qui est à plusieurs égards bien peu compréhensibles à mes yeux, voire problématique, Ouroboros n’a pas réellement de défaut. C’est un bon, voire très bon thriller qui sait parfaitement tenir le spectateur en haleine. Il est par ailleurs impossible de connaître le dénouement avant les derniers épisodes puisque les indices ne sont dévoilés que par intermittence. Les procédés utilisés d’épisode en épisode, surtout dans la première moitié de la série, sont relativement semblables mais très efficaces. La série s’accélère assez nettement à partir de l’épisode 6 pour devenir même parfois haletant. Le final est... terriblement prenant et dur ; l’émotion est forte.
Si vous avez l’occasion de voir cette série, n’hésitez pas, elle vaut le coup d’œil.
Alors, je SAVAIS qu'il fallait que je me penche sur ce dossier (^^), mais j'avais oublié pourquoi! Honte sur moi! C'était bien sûr à cause de la distribution! Imagine un peu: ma big chouchoute Juri Ueno, Shun Oguri (qui m'a laissée une forte impression dans "Rich man, poor woman" et enfin Toma Ikuta, que j'ai (enfin!) l'occasion de voir jouer dans un registre plus sérieux que d'habitude. Tope là! Ce sera le prochain drama que je suivrai! (C'est-à-dire en janvier. J'ai un article en cours de rédaction ces jours-ci ^^)
RépondreSupprimerMerci pour la piqûre de rappel. En plus, ton avis donne envie de voir ce drama. Et puis, j'avais besoin de me réconcilier avec le genre (...mais cela est une autre histoire), cela me donne une belle occasion de le faire.
Au passage, cela me fait penser au fait que je n'ai pas encore rédigé mon avis sur "Rich man, ...) Arf! Pas assez d'heures dans une journée! (^^)