J’ai envie de parler aujourd’hui d’une catégorie de la musique japonaise qui parlera forcement à l’ensemble des amateurs et amatrices d’animation japonaise, même si ils ne connaissent pas le terme : l’anison, parfois écrit anisong, c’est-à-dire la musique d’animé : ani(me) + son(g).
Je vous laisse débuter la lecture de ce billet par une vidéo introductive, avec l’excellent groupe JAM Project en version live (qui envoie du lourd) et un titre bien connu « THE HERO!! » qui servit d’opening à l’animé One Punch Man. C’est sans doute le meilleur groupe pour introduire une discussion autour de l’anison.
L’anison n’est pas un genre musical (et il n’est pas ici question des OST des animés), il s’agit plutôt d’une catégorie qui regroupe les titres chantés et artistes ayant directement un rapport avec les génériques et bandes-son (insert-song) des animés (et par association à certains jeux-vidéo). L’anison est souvent associé à la pop, à la pop-rock, mais il n’est en fait directement lié à aucun genre particulier. Toutefois, l’anison est essentiellement composé de chanteurs et chanteuses et non de groupes associant chanteurs et musiciens, cela pour des raisons assez évidentes directement liés aux génériques où l’image est réservée avant tout pour présenter la série.
Parallèlement, étant donné que ces chansons servent très souvent de générique, chaque titre est écrit et découpé de façon claire pour être adapté à l’écran, pour qu’il puisse durer par exemple 1 minute 30, la durée des opening aujourd’hui (moins pour les ending). Les paroles se rapportent aussi normalement à l’histoire de l’animé.
Il faut parallèlement faire une réelle différence (chose régulièrement oubliée) entre les artistes et groupes chantant à l’occasion / par moment des génériques, et entre ces artistes/groupes anison dont la carrière et la musique est vraiment centrée autour de l’animation japonaise (ce qui n’empêche évidemment pas des sorties indépendantes).
Par exemple JAM Project est un pur groupe anison, c’est même leur credo, ils chantent pour ça. Par contre Man With A Mission n’est pas un groupe anison (et les exemples possibles sont très nombreux), mais il fait régulièrement des tie-up pour des séries animé. Cette distinction pourrait paraître superficielle – et elle ne veut pas dire qu’un est meilleur que l’autre –, mais cette différence est très nette si on suit le parcours des artistes/groupes.
LiSA, Aoi Eir et Haruna Luna
Ceux de l’anison vont avoir une carrière directement liée à l’animation, le succès d’une série portée par un bon opening par exemple pourra propulser de nouveaux noms sur le devant de la scène. Dans les productions assez récentes, Sword Art Online est un très bon exemple pour souligner ce lien entre le succès (mondiale qui plus est) d’un animé et celui des artistes anison chantant ses génériques. Ainsi, les carrières de LiSA, d’Aoi Eir ou de Haruna Luna ont fortement bénéficié du succès de Sword Art Online et on les retrouva de nouveau pour chanter les génériques de la saison 2, par exemple avec le beau « Startear » de Haruna Luna.
(« Crossing Field », de LiSA, opening de la saison 1 de SAO)
LiSA et Aoi Eir avaient déjà eu un certain succès l’année précédente avec Fate/Zero, avec respectivement le sublime « Oath Sign » et le non moins beau « Memoria ».
En comparaison, le nom du duo fripSide est plus naturellement associé à la série Toaru Kagaku no Railgun du fait de leurs excellentes contributions musicales. « Only my railgun » est un classique de l’anison :
Macross Frontier (qui est le seul titre de la saga Macross connue pour ses musiques que je connaisse) illustre parfaitement ce lien entre l’animé et sa musique ; Megumi Nakajima et May’n se sont fait un nom avec cette série. Les chansons de cette série ont squatté longtemps les tops musicaux japonais. Et, les années passant, un titre comme « Lion » continue encore à donner des frissons :
Le groupe de j-rock FLOW, en comparaison, qui a signé de très nombreux tie-up pour des animés a certainement bénéficié du succès de séries comme Naruto ou Code Geass – surtout pour se faire connaître à l’internationale plus qu’au Japon je dirais –, mais la réussite du groupe n’en est certainement pas dépendante. Je fais donc une réelle différence entre ces deux catégories d’artistes signant des musiques pour les animés.
L’anison n’est pas jeune, au contraire ; c’est aussi vieux que les génériques d’animés (ceux de Saint Seiya ou de Dragon Ball sont très connus, comme le fameux « Cha-la head, cha-la » de DBZ par exemple avec Hironobu Kageyama qui est aujourd’hui un membre de JAM Project). Les génériques des années 70, 80 et même 90 sont même assez reconnaissables musicalement. Cet âge d’or avec des musiques évoquant le courage des héros par exemple est même derrière nous.
Ce type de musique était plus fort auparavant, notamment parce que, aujourd’hui, ce sont les groupes populaires et seiyuus qui chantent très régulièrement les génériques. L’anison a ainsi beaucoup évolué avec le temps et elle s’est, j’ai l’impression, beaucoup féminisé ces dix dernières années. Parallèlement, la multiplication et le succès des animés à idols comme Idolm@ster ou Love Live! a aussi probablement modifié la nature même de l’anison.
Ce type de musique était plus fort auparavant, notamment parce que, aujourd’hui, ce sont les groupes populaires et seiyuus qui chantent très régulièrement les génériques. L’anison a ainsi beaucoup évolué avec le temps et elle s’est, j’ai l’impression, beaucoup féminisé ces dix dernières années. Parallèlement, la multiplication et le succès des animés à idols comme Idolm@ster ou Love Live! a aussi probablement modifié la nature même de l’anison.
Si vous êtes abonnés à Nolife sur Noco, je vous invite d’ailleurs à voir ou revoir les interviews de Shoko Nakagawa (alias Shokotan) et de JAM Project qui abordent justement cette question de l’anison d’hier et d’aujourd’hui.
(« Sorairo Days » de Nakagawa Shoko, opening de Tengen Toppa Gurren Lagann)
Sans aller trop loin, si on remonte seulement de quelques années, au cours de la première décennie de ce siècle, des artistes comme Nana Mizuki ou T.M. Revolution étaient très connus dans le monde de l’anison (même si Nana Mizuki préfigurait déjà ce mélange entre musique et seiyuu). Certains de ces noms sont encore une fois étroitement associés à des séries ; le célèbre T.M. Revolution (qui aime se mettre en scène dans ses clips) est ainsi l’un des principaux fournisseurs de chansons pour la série culte Gundam SEED.
Nana Mizuki et T.M. Revolution sont sans doute bien moins connus aujourd’hui par les plus "jeunes", même s’ils n’ont pas totalement disparu de la scène signant même ensemble de très bonnes collaborations pour l’animé Valvrave the Liberator.
Nana Mizuki et T.M. Revolution sont sans doute bien moins connus aujourd’hui par les plus "jeunes", même s’ils n’ont pas totalement disparu de la scène signant même ensemble de très bonnes collaborations pour l’animé Valvrave the Liberator.
(« Invoke » de T.M. Revolution, opening de Gundam SEED)
Si on veut citer quelques noms plus actuels, on ne peut que penser par exemple aux prolifiques Kalafina conduites par Yuki Kajiura qui est un nom célèbre dans le monde de la musique d’animé. Cette compositrice était aussi auparavant derrière les projets FictionJunction que j’adorais, en particulier FictionJunction YUUKA ! Les Kalafina forment par ailleurs un groupe dont l’originalité est certainement à l’origine de son succès, par son style de musique, la qualité vocale de ses membres dont aucune n’a la préséance sur les autres. Il est quasiment impossible que les amateurs d’animation japonaise ne connaissent pas Kalafina. Dans le cas contraire, il faut réparer ça.
(« Magia » de Kalafina, ending de Mahô Shôjo Madoka Magica)
J’ai mentionné précédemment LiSA et Luna Haruna qui officient avec des styles bien différents, la première bien plus rock et punchy et la seconde aux mélodies plus posées et douces. J’aime beaucoup LiSA qui n’arrête pas de me surprendre, mais s’il y a un nom qui me parle plus que les autres, à titre personnel, c’est bien Aoi Eir. Elle a une voix belle et puissante et elle excelle quel que soit le style de ses titres, par exemple avec « Sirius » (pour la série Kill la Kill), « Kasumi » ou encore le magnifique « Lapis Lazuli » (pour Arslan Senki). Elle était venue à Japan Expo en 2015, son showcase est un excellent souvenir. Malheureusement Aoi Eir s’est retirée l’année dernière à cause de problème de santé ; j’espère pour elle qu’elle ira bientôt mieux et, pour nous tous, qu’elle reviendra sur scène.
(« Lapis Lazuli » d’Aoi Eir, opening de Arslan Senki)
Cela étant, l’ensemble des titres de ces artistes axés anison ne sera pas forcement liés aux animés. Ceci concerne en général plus particulièrement les albums qui regrouperont leurs titres principaux ayant été utilisés dans des animés, mais également de nouvelles chansons. Le dernier « Little Devil Parade » de LiSA publié sur YouTube sert à la promotion de son dernier album du même nom qui regroupent notamment des titres comme « Catch the Moment », générique du dernier film de SAO, ou encore « Brave Freak Out », opening de Qualidea Code.
Mais de manière générale, les singles concernent plus régulièrement des titres servant d’opening ou d’ending pour les séries. Il ne sera donc pas surprenant de voir des CD sortirent en différentes versions avec l’une d’elle présentant une jaquette avec l’animé associé. Ces variantes illustrent bien les publics visés. Voici un exemple avec LiSA et son prochain single « Datte Atashi no Hero » qui sert d’ending pour la seconde saison de My Hero Academia :
L’anison est donc la porte d’entrée naturelle vers la musique nippone pour la grande majorité du public non-japonais qui découvre ses mélodies par le monde l’animation.
Ce fut le cas pour moi aussi. Je suis même resté cantonné pendant des années aux groupes et artistes directement associés aux animés. Mon intérêt pour l’ensemble de la musique japonaise n’est venu que dans un second temps, mais il est certain que sans l’anison, je ne m’y serais probablement peu ou pas intéressée. Et de façon plus générale, c’est même la musique d’animé qui m’a amené vers la musique tout court ; il ne me serait par exemple pas venu à l’esprit, auparavant, de me déplacer à des concerts ou investir autant d’argent dans la musique. Du coup, suite à l’influence de l’anison, ceci explique pourquoi je ne vis désormais presque qu’avec la musique japonaise, et je ne m’en plains pas du tout, j’y trouve ce dont j’ai besoin et envie.
Mais de manière générale, les singles concernent plus régulièrement des titres servant d’opening ou d’ending pour les séries. Il ne sera donc pas surprenant de voir des CD sortirent en différentes versions avec l’une d’elle présentant une jaquette avec l’animé associé. Ces variantes illustrent bien les publics visés. Voici un exemple avec LiSA et son prochain single « Datte Atashi no Hero » qui sert d’ending pour la seconde saison de My Hero Academia :
(Jaquettes du single « Datte Atashi no Hero » de LiSA, sortie 2 août 2017)
L’anison est donc la porte d’entrée naturelle vers la musique nippone pour la grande majorité du public non-japonais qui découvre ses mélodies par le monde l’animation.
Ce fut le cas pour moi aussi. Je suis même resté cantonné pendant des années aux groupes et artistes directement associés aux animés. Mon intérêt pour l’ensemble de la musique japonaise n’est venu que dans un second temps, mais il est certain que sans l’anison, je ne m’y serais probablement peu ou pas intéressée. Et de façon plus générale, c’est même la musique d’animé qui m’a amené vers la musique tout court ; il ne me serait par exemple pas venu à l’esprit, auparavant, de me déplacer à des concerts ou investir autant d’argent dans la musique. Du coup, suite à l’influence de l’anison, ceci explique pourquoi je ne vis désormais presque qu’avec la musique japonaise, et je ne m’en plains pas du tout, j’y trouve ce dont j’ai besoin et envie.
Mon seul regret qui concerne directement l’anison, c’est que je suis depuis quelques temps de plus en plus en décalage avec les productions actuelles, je suis donc beaucoup moins au courant des génériques populaires du moment, sauf s’ils sont chantés par des artistes que je connais déjà. Les nouveaux noms me sont ainsi moins familiers ; j’ai découvert par exemple le chouette petit groupe TrySail tout dernièrement alors qu’elles ont débutés il y a quelques années.
Ainsi, aujourd’hui encore, je reste un grand amateur d’anison, c’est là où sont mes premiers amours en j-musique. Elle a pour moi de quelque chose de vraiment particulier, une saveur agréable qui réussit toujours à m’enthousiasmer. La première chose que je vais regarder à chaque fois pour un animé, c’est son opening. J’aimerais aussi tant aller à un de ces événements japonais réunissant tous ces artistes sur une même scène, ça doit être génial !
Les noms et titres que j’ai cités dans ce billet sont évidemment en priorité ceux que j’aime ; il y en d’autres également connus mais que je n’ai pas mentionnés, et, aussi, il y en a sans doute de nombreux autres, anciens ou récents, que vous connaissez et qui vous parle plus qu’à moi. Si c’est le cas, n’hésitez pas à les partager ici dans les commentaires et à donner tout simplement votre avis sur l’anison !
Les noms et titres que j’ai cités dans ce billet sont évidemment en priorité ceux que j’aime ; il y en d’autres également connus mais que je n’ai pas mentionnés, et, aussi, il y en a sans doute de nombreux autres, anciens ou récents, que vous connaissez et qui vous parle plus qu’à moi. Si c’est le cas, n’hésitez pas à les partager ici dans les commentaires et à donner tout simplement votre avis sur l’anison !
Merci pour cet article instructif. :D
RépondreSupprimerJ'écoutais plusieurs groupes il y a quelques années mais je ne connais pas grand monde que tu cites...T.M. Revolution, Kalafina que j'aime bien. :)
Des artistes que tu as bien aimés parmi ceux que tu connaissais pas ?
SupprimerDe rien et merci pour ton commentaire ! :)
Aoi Eir notamment. :)
RépondreSupprimerAh ! Je suis bien content que tu aimes ce que fait Aoi Eir ! :D
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