Dans la riche dramagraphie de la talentueuse Yui Aragaki, il y avait une série que je boudais depuis quelques temps. Il s’agit de The Memorandum of Kyôko Okitegami (掟上今日子の備忘録), une série japonaise diffusée fin 2015 sur NTV avec ses 10 épisodes. Bon, la série n’est pas si vieille, donc je ne l’ai pas évité tant que ça, mais je craignais de ne pas l’aimer. Un peu comme la perruque de cette actrice que j’apprécie pourtant tellement. Bon, après coup, la série finie, j’ai appris à m’habituer à cette coupe, mais, clairement, cette perruque ne lui va pas. Vous ne trouvez pas ? Hmm, l’aspect capillaire mis de côté, j’avais en fait surtout peur d’être déçu par une série avec Gakki. Quand même, c’est difficilement concevable !
Et les premiers épisodes m’ont bien fait craindre le pire.
Ce drama raconte l’histoire de Kakushidate Yakusuke, joué par Okada Masaki, le type dont le prénom est synonyme de malchance. Ce gars, je n’aimerais pas vivre sa vie. La poisse qu’il a, c’est assez effrayant ; si un pigeon passe, c’est lui qui recevra le cadeau du volatile ; un souci au travail ? il prendra direct, il a la tête du coupable idéal ; etc. Mais, il a eu au moins une chance dans sa vie : rencontrer la détective Kyôko Okitegami, interprétée donc par Aragaki Yui, une détective privée intelligente et douée, mais qui a surtout une particularité peu ordinaire. Elle oublie tout dès qu’elle vient à dormir (même après une très courte sieste). Suite à un épisode obscur, elle est devenue amnésique et elle est incapable de se souvenir de ce qu’elle a fait la veille. Le sommeil est synonyme pour elle d’un retour à la case départ. Chaque journée est du coup pour elle un nouveau commencement. Seul moyen pour se souvenir de quelques éléments de sa vie passée : écrire au feutre indélébile sur son corps pour que, chaque matin, elle sache « qui » elle est. Kyôko Okitegami va donc sortir de l’embarra notre malchanceux Yakusuke, mais ce poisseux va retomber (très vite) dans la mouise. Par chance (comme quoi), il va de nouveau retrouver Kyôko. Évidemment, de son côté, elle a totalement oublié qui était ce poissard de la vie. Et ainsi de suite.
Vous comprendrez le principe j’imagine. La série repose ainsi essentiellement sur cette ficelle scénaristique de l’amnésie de l’héroïne. Je vais en parler plus en détail, mais pour résumer un peu, cet élément fait à la fois la qualité du titre, par l’originalité apportée, mais aussi son plus gros défaut. Toutefois, pour évacuer tout doute dans cette critique : j’ai aimé cette série. J’ai même vraiment beaucoup aimé cette série pour sa seconde partie et sa dernière ligne droite.
En fait, le drama souffre fortement de cette narration cyclique. Cela est surtout vrai pour sa première partie avec des épisodes qui sont à chaque fois un recommencement pour le scénario, les acteurs, et aussi un peu pour le téléspectateur. La détective Kyôko oublie tout et, du coup, une partie de chacun des premiers épisodes répète des schémas similaires, en particulier pour la relation entre Kyôko et Yakusuke, mais aussi pour les explications lors de l’enquête. Ajoutez à cela le côté (très) mollasson de ce malchanceux de la vie (on peut vraiment avoir envie de le secouer un peu par les épaules parfois), cela crée un rythme assez peu convaincant. Qui plus est, les enquêtes n’étaient pas non plus palpitantes. Bref, j’étais un peu désappointé, et je commençais à craindre de ne pas aimer la série.
Toutefois, les choses évoluent, au fur et à mesure des épisodes. Lentement, mais sûrement. Et c’est une fois que cette évolution aura atteint un certain stade, pour arriver à quelque chose de plus concret, i.e. une relation plus poussée entre l’amnésique Kyôko et le malchanceux Yakusuke. Autour des épisodes 5 et 6, l’évolution se fait plus sensible. Et l’épisode 7 était vraiment très chouette, c’est à ce moment que j’ai eu le déclic. Sans vraiment s’en rendre compte sur le vif, la série avait vraiment réussi à évoluer en quelque chose de vraiment agréable à suivre. Ce sentiment de surprise fut d’autant plus plaisant et agréable qu’il n’était pas si prévisible.
J’ai apprécié la conclusion de la série. Je craignais que le scénariste utilise une pirouette pour résoudre le problème de la mémoire de Kyôko. Mais rien de cela. Au contraire. J’ai beaucoup aimé les dernières séquences du drama. Nos deux protagonistes m’ont finalement pas mal touché et j’ai de plus en plus apprécié à les voir ensemble. Yakusuke a parcouru un long chemin et cela devenait intéressant à le voir évoluer et s’attacher à Kyôko. De l’autre côté, malgré son amnésie, des choses commencent aussi à changer pour Kyôko et Yui Aragaki réussit à rendre son personnage très attachant, rien que pour ses mimiques. Progressivement une complicité est née, réelle pour l’un, intuitive pour l’une. C’est cette progression, certes lente mais intéressante, qui a permis la belle conclusion du drama.


J’ai bien aimé cette piste.
Voilà, je ne conseillerais pas cette série avec enthousiasme comme je peux le faire à d’autres moments. Il m’a fallu du temps pour accrocher et si, à la fin, j’en ressors avec un avis plutôt bien favorable, ce n’était pas gagné d’avance.
Si vous appréciez Yui Aragaki, vous ne serez pas déçu par sa prestation. Sans être son meilleur rôle, elle offre un personnage plutôt intéressant, intrigant et attachant à la fois. Si vous cherchez une série d’enquêtes captivantes, passez votre chemin ; ici, ces enquêtes restent assez basiques et sans réelle profondeur. L’intérêt principal du scénario – et ce qui est aussi le cœur de la série, tant mieux donc – reste de voir comment les protagonistes vont gérer l’amnésie de Kyôko. Au jour le jour. Parce que vraiment, là, chaque journée est un nouveau commencement. En cela, malgré quelques soucis au début, la série a finalement réussi à me surprendre.
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