dimanche 10 mars 2013

Haruki Murakami, quatre de ses romans, entre ballades et voyages

Haruki Murakami - Elena Seibert
Cette fois-ci, je vais changer un peu par rapport à ce que j’ai l’habitude d’écrire sur ce blog. Mais nous allons rester du côté du Japon (tout de même) car j’ai envie de parler d’un romancier nippon que j’ai appris récemment à beaucoup apprécier. Je parle bien évidemment du célèbre Haruki Murakami (村上春樹).
Je ne suis pas un spécialiste de la littérature japonaise (et même de littérature tout court). De même, je n’ai pas lu énormément d’œuvre d’auteurs japonais. Donc, je ne partirai pas dans de grands discours littéraires. Mais, je vais essayer de partager avec vous un peu de mon impression sur cet auteur et sur quelques unes de ses œuvres.

En tout cas, je pense qu’Haruki Murakami doit être un (si ce n’est « le » ?) des romanciers japonais les plus connus chez nous. À titre personnel, avant même de commencer à lire certains de ses livres et même sans être très tourné vers l’actualité littéraire, je connaissais déjà très bien son nom à travers quelques titres tels que Kafka sur le rivage ou plus encore 1Q84 qui ont été beaucoup médiatisés.
Depuis la fin de l’année dernière, j’ai décidé de me pencher un peu vers le roman japonais – au-delà de la littérature directement liée à la culture manga-esque je veux dire – et (avec Junichirô Tanizaki – mais dont les écrits sont plus difficiles à aborder, Le pont flottant des songes par exemple) Haruki Murakami est l’auteur qui me sert donc de tremplin.

Pour faire un point sur mes lectures actuelles (dans l’ordre chronologique) : j’ai commencé avec La ballade de l’impossible, j’ai suivi avec Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, je me suis tourné après sur le best-seller Kafka sur le rivage et, là, je viens de me terminer la trilogie 1Q84. Par rapport à la quantité impressionnante de romans qu’il a publiés, c’est assez peu, mais étant donné que je me concentre quasiment jamais sur un seul auteur, c’est presque une exception chez moi. Je pense que cette sélection doit être un minimum représentatif de son travail de romancier. Il faudrait tout de même que je me penche un peu sur quelques unes de ses œuvres qu’il a écrites suite au tremblement de terre de Kobe en 1995 qui a eu – à lire ici ou là – une grande influence sur lui.

Haruki Murakami - La ballade de l'impossible* En fait, la raison principale de mon intérêt pour cet écrivain prend source avec La ballade de l’impossible (1987). J’avais choisi ce premier titre un peu au hasard en parcourant rapidement divers avis de lecteur. Je ne voulais pas commencer directement par un de ses derniers best-sellers. Et, pour le coup, c’est vraiment un roman que je conseille. Vivement. La lecture de ce livre m’a vraiment transporté. Avec recul, je me rends vraiment compte que j’ai adoré le lire. C’est même mon Murakami préféré. J’ai trouvé que l’auteur était parvenu à transmettre beaucoup de choses dans son histoire avec des personnages (très) tourmentés mais profondément humain et si attachants de fait. La lecture est très accessible. Connaître un minimum la culture japonaise doit aider à rentrer dans le livre, peut-être, mais au final, chacun pourra y trouver son compte quelque soit son intérêt pour le Japon. À livre. Vraiment, vraiment !

Haruki Murakami - Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil* Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil (1992) est dans la même lignée. L’approche et les thématiques sont semblables. Si on a aimé le premier, on ne pourra qu’aussi apprécier ce titre. C’est un roman toutefois moins ambitieux, mais il intègre une part de mystère à travers le personnage de Shimamoto-san (toujours avec le suffixe -san dans la traduction de Corinne Atlan, édition 10/18, 2002). On est cependant très loin des mystères dont je parlerai ensuite.


Haruki Murakami - Kafka sur le rivage* Kafka sur le rivage (2002). Alors là, j’avoue que j’ai du mal à savoir quoi penser de ce livre. D’un côté, c’est un roman que j’ai trouvé excellent. Cette double narration est particulièrement réussie, c’est intriguant, mystérieux. Je n’ai rien à y redire. Mais d’un autre côté, j’ai au final – et encore là – ressenti un certain manque. Je n’ai pas réussi au cours de ma lecture à rentrer à 100% dans le livre, surtout à la fin. La conclusion m’a laissé dubitatif, elle ne conclue pas vraiment en fait ; elle laisse le mystère autour de l’histoire tout entier. Là, en fait, je dirais que je n’ai pas vraiment saisi tout ce que l’auteur voulait dire. Beaucoup de question se posent, le mystère autour de l’histoire reste vraiment profond. Tout me surprenait, tout était intéressant, c’était franchement bien écrit, mais… Il me faudra sans doute une nouvelle lecture pour mieux apprécier et cerner l’objectif de Haruki Murakami. Est-ce peut-être en cela que ce livre est réussi ? Peut-être.

* 1Q84, bon là, c’est le gros best-seller (écrit entre 2009 et 2010). Je n’ai pas voulu commencer par ce titre justement à cause de sa notoriété, je voulais un peu connaître l’auteur avant de me plonger dedans. Et j’ai bien fait de lire Kafka avant, c’était une bonne introduction. Car, là, nous sommes dans le même style d’écriture qui mêle au monde réel une part importante de fantastique. C’est donc avec ce titre que j’ai terminé récemment mon exploration de l’œuvre de Murakami.

Haruki Murakami - 1Q84 Livre 1Haruki Murakami - 1Q84 Livre 2Haruki Murakami - 1Q84 Livre 3

Fait notable, il est divisé en trois tomes, chacun couvrant une période de trois mois de l’année 1984, avril-juin, juillet-septembre et octobre-décembre. Je considère que la renommée de ce livre est méritée. Il est passionnant à lire. Haruki Murakami est parvenu à créer une histoire et des personnages intéressants et « un monde » captivant. Encore une fois, comme dans Kafka, il reprend le principe d’un double-narrateur. Le lecteur est invité à suivre le roman à travers deux personnages, le professeur de mathématique Tengo, et une coach-sportif Aomamé. Chacun des deux est propulsé dans une histoire qui va dépasser de loin leur imagination. L’un en réécrivant un roman mystérieux d’une jeune fille tout aussi mystérieuse, l’autre en travaillant en tant que « tueuse » professionnelle. On se retrouve dans un monde si réaliste mais dans lequel règnent deux Lunes, où les Little People observent. « Oooh ooh ! » L’histoire est intrigante, très mystérieuse, l’auteur sait garder le suspens ou faire monter la pression quand il le faut. Labyrinthique est un adjectif que j’ai parfois retrouvé dans des critiques, c’est vrai qu’il correspond bien à ce titre.
Le premier Livre est plus comme une sorte d’introduction avec la mise en place de tous les éléments du récit. Le second Livre est juste majestueux avec des moments très forts. Le troisième, surprenant et même déroutant au début (notamment du fait des narrateurs), révèle progressivement une multitude de surprises avec une belle montée en intensité.

À travers ces quatre titres, on ressent bien les différentes thématiques que Haruki Murakami abordent. Les deux premiers romans sont plus personnels, on ressent fortement la présence de l’auteur, ses personnages sont en partie lui-même (personnages pour lesquels il n’a pas peur de se montrer sans pitié. C’est l’impression qu’ils m’ont donné. Si on lit des interviews, des passages biographiques, on ne pourra que retrouver forcement des éléments présents notamment dans La ballade de l’impossible. Cet aspect personnel était vraiment très fort. Les deux autres titres sont un style différent – même si on peut encore ressentir encore la présence de l’auteur parfois (Tengo de 1Q84, je me demande si ce n’est pas en quelque sorte lui-même ?) – car on touche à des univers beaucoup plus mystérieux dans lesquels se mélangent fantastique et réalité. Ce qui est plus un essai littéraire dans Kafka (qui a joué beaucoup dessus), Murakami en fait une partie totalement intégrante du récit du dernier avec l’imbrication de deux mondes, celui du Japon en 1984 et celui de 1Q84. 

Voilà, tout cela n’est qu’un avis personnel, d’un lecteur bien peu au courant des choses littéraire… J’aime en tout cas beaucoup cet écrivain, j’apprécie grandement son style. Ses romans sont vraiment passionnants à lire, surtout La ballade de l’impossible et 1Q84. Si vous ne connaissez pas, je ne peux que vous encourager à essayer. Je continuerai en tout cas à explorer son bibliographie. Je vais juste faire une pause pour essayer d’autres auteurs japonais. Là, j’ai Parfum de glace de Yôko Ogawa et Je suis un chat de Natsume Sôseki qui m’attendent.

P.S. : Un nouveau roman de Haruki Murakami est annoncé pour avril prochain.

5 commentaires:

  1. Bonjour ! C'est marrant, j'ai lu à peu près les mêmes que toi (il me manque le troisième 1Q84) mais dans un ordre différent. Je suis complètement d'accord sur tes avis à propos de La ballade de l'impossible, Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil et Kafka.
    J'ai commencé par Kafka que j'ai adoré et en même temps, je l'ai trouvé très complexe. Le mélange entre spiritualité, philosophie et fantastique est assez étrange (comme dans 1Q84 d'ailleurs). En revanche, les deux autres se lisent avec bonheur et simplicité. Ce sont les deux que je conseillerais pour un premier Murakami !

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    1. Je suis d'accord, parmi ces romans, ce sont sans doute les plus abordables pour découvrir Murakami.

      En tout cas, je suis "rassuré" de voir que tu partages cette impression sur Kafka. C'est un mélange très complexe en effet. Dans 1Q84, l'auteur a plus de temps pour développer cet univers multiple, peut-être que ça joue dans mon impression.
      Tiens d'ailleurs, en réfléchissant à ce que tu as écrit, je viens juste de me rendre compte qu'il y a un parallèle frappant entre la ville perdue dans la montagne qui est gardée par les deux soldats, dans Kafka, et la "ville des chats", dans 1Q84. La thématique est vraiment la même.

      Merci pour ton commentaire. :)

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  2. Kafka, j'ai comme toi mis beaucoup de temps à entrer dedans :). La ballade de l'impossible est aussi mon préféré, j'y ai tout aimé. L'écriture (du moins sa traduction), l'introspection des personnages, les personnages eux-mêmes (surtout Midori), mais aussi l'histoire d'amour et le thème de la mort, de la folie, du manque de l'autre quoi. Il y a aussi une sobriété qui m'a beaucoup plu :). Je n'ai toujours pas lu 1Q84 avec tout le tapage qu'on en fait ^^;. J'ai commencé par Les amants du Spoutnik, très space aussi, surtout la fin, mais j'ai adoré l'héroïne et son amitié avec un jeune homme féru de littérature, de musique et tout aussi bavard que celui de La ballade... D'ailleurs, tous ses personnages semblent aimer la musique, même le héros de Kafka. Kafka finit effectivement de manière intrigante, mais je doute qu'il ne faille chercher une explication. C'est plus, je pense, le cheminement et l'évolution des personnages qui compte dedans, leur recherche d'eux-mêmes. Enfin, j'arrête de polluer cet endroit :( ... Je lis peu de livres sans images aussi.

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    1. Je pense que c'est surtout Murakami qui aime la musique, le jazz en particulier. Et par extension ses personnages. Le jazz est un élément récurant (la musique classique aussi). Mais bon, vu qu'il a lui-même gérer un bar de Jazz.
      Je note pour les "Les amants du Spoutnik" !

      Tu ne pollues rien du tout. C'est moi qui te remercie de prendre de ton temps pour me lire et commenter. ;)

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  3. Oui, Murakami, à travers ses personnages ^^ . D'ailleurs, ce sont sovuent les héroïnes, dans ses ouvrages plutôt amoureux, qui sont mises en avant, alors que le héros est assez effacé et peu bavard... Murakami? Les amants du Spoutnik n'est clairement pas le préféré des lecteurs, mais pour une raison, j'ai adoré. Peut-être l'héroïne, et puis cette relation lesbienne? Sinon, j'ai surtout envie de lire Au sud de la frontière ... vu comme tu en parles (et vu que j'aime aussi beaucoup La Ballade de l'impossible ^^ ).

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